J'ai tendance à être assez ronchon avec les termes qui quadrillent l'attirance qu'on ressent pour les autres perso, qui est une pratique héritée de la médecine. Médecine qui, historiquement, nous a pas voulu que du bien, loin de là même.
Lesbienne, bi etc renvoie pour moi non pas à une orientation sexuelle (qui est soit dit en passant un concept que je n'aime pas) mais à un positionnement par rapport à des normes de genre qui rendent l'hétérosexualité obligatoire. Positionnement qui est source de violences car allant contre nos normes de genre respectives (aka: se faire exploiter / exploiter l'autre sexe).
Btw, te laisse pas marcher sur les pieds meuf, si t'aimes les femmes t'aimes les femmes, si t'aimes tout le monde t'aimes tout le monde. Que tout le monde veuille te faire retourner à l’hétérosexualité, au moins partiellement, malheureusement dans une société patriarcale c'est quelque chose de "normal".
Par contre sors pas avec un mec juste parce qu'il s'intéresse à toi, c'est un coup à souffrir pour pas grand chose. Non pour de sombres histoires d'orientation sexuelle (faute de meilleur terme), mais avant tout parce que tu vas avoir l'impression de devoir te forcer à faire des trucs pour conserver cette attention et c'est très, très, très vite très malsain.
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Bref, à la base si je voulais poster c'est surtout pour donner des nouvelles des débuts des auditions à la commission bioéthique en ce qui concerne notamment l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, et malheureusement elles sont assez mauvaises (en dehors même du fait qu'on ait aucune sureté pour le vote, vu que chaque député du parti majoritaire pourra, pour une fois, voter en son âme et conscience):
- Déjà, l'usage de la méthode ROPA (une femme donne les ovules, l'autre porte l'enfant) ne serait pas autorisé, au nom de l'anonymat du donneur (mdr oui, d'autant plus que les hommes sont vivement incités à donner leur sperme pour la PMA de leur conjointe.).
L'amendement visant à l'autoriser vient d'être rejeté, donc visiblement ça c'est parti pour être acté.
- Les hommes transgenres qui auraient effectué leur changement d'état civil n'auraient pas droit d'avoir recours à la PMA même si ils possèdent encore leur appareil reproducteur féminin, du fait que je cite "ils sont des hommes à l'état civil, ce qui ne leur ouvre pas droit à la PMA".
Du coup en l'état ça donnerait (avec changement d'état civil à chaque fois):
=> Femme trans en couple avec une femme cis => PMA pour la femme cis, mais impossibilité de faire conserver son sperme car les instituts s'y refusent malgré le fait que le traitement hormonal fasse drastiquement baisser la fertilité. Flou absolu sur comment ça se passe si fécondation "naturelle" au niveau de la filiation.
=> Homme trans en couple avec une femme cis => recours à la PMA avec donneur anonyme possible, l'homme trans étant considéré stérile. (seul cas où tout irait à priori plutôt bien)
=> Homme trans en couple avec un homme cis: pas de droit à la PMA
=> Homme trans en couple avec une femme trans : pas de droit à la PMA
Amendement ouvrant la PMA aux hommes trans rejeté
Amendement autorisant aux femmes trans de conserver, et surtout d'utiliser leur propre sperme pour une PMA future avec leur conjointe rejeté
Soyons clair: ce qui vient de se passer est une stérilisation sociale des personnes trans: le but est de maintenir mordicus par le droit un "ordre biologique" en sanctionnant les déviant.e.s à ce dernier, et en refusant de rompre le lien entre parenté et biologie.
- Levée de l'anonymat du don au nom de "l'accès aux origines". Il s'agit certes d'une demande de longue date de certains enfants nés par PMA, mais le fait est que c'est bien l'ouverture de cette dernière aux couples de femmes qui va la rendre effective. En effet je cite " La façon dont on va écrire la filiation va bien acter qu'il y a un père. On ne nie pas le père, le père biologique existe évidemment. Si cela est voté au Parlement, l’enfant pourra accéder à ses origines". On retrouve ici un argumentaire proche de celui de la manif pour tous, à savoir que l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et femmes seules serait "une négation de la nature" et "une privation de père".
Cela a deux effets:
=> Premièrement, une confusion entre la parenté et la biologie. Si il faut un gamète mâle et un gamète femelle pour former un zygote, qui pourra peut-être grandir pour devenir un bébé, il n'est aucunement nécessaire d'avoir un homme et une femme pour cela. Les humains ne sont pas des spermatozoïdes / ovules avec des pattes, et nombre de sociétés ont montré que le format papa + maman était loin d'être universel (on peut penser aux Na de Chine, fameuse société sans pères ni maris, ou aux Baruyas, où la mère n'est qu'un "réceptacle", et où l'on va chasser tout ce qu'il y a de féminin des jeunes garçons à l'aide de divers rituels). Sans aller si loin, lors d'une adoption plénière les parents adoptifs deviennent les vrais parents, et ce même si il n'y a pas de lien du sang avec l'enfant; la confusion entre génétique et parenté n'est que l'un de marqueurs du fait que les sciences de la nature aient remplacé le divin dans la quête d'un sens transcendant l'être humain.
Aussi, lorsque l'on entend, par exemple, qu'il faut inscrire dans la loi "qu'il faut un spermatozoïde (et donc par glissement un homme) pour faire un bébé", on assiste à une confusion entre les lois de la filiation qui sont des lois humaines, qui ont varié et varieront encore dans le temps et l'espace (enfin, si on est pas toustes mort.e.s à cause du réchauffement climatique d'ici là lol), et une supposée loi de la nature que le droit devrait se contenter de retranscrire le plus fidèlement possible.
=> De fait, on assiste à une réintroduction au forceps de l'hétérosexualité dans les couples de femmes. Plutôt que d'assumer le caractère social de la filiation, on préfère créer un régime d'exception pour les lesbiennes et les femmes seules (!) que d'étendre les règles de la filiation actuelle.
Autrement dit, les hétéros pourront se contenter, comme c'est le cas actuellement, d'une présomption de maternité pour les époux ou d'une reconnaissance de l'enfant par ses parents.
Les femmes seules et les lesbiennes, elles, devront faire une déclaration ou une reconnaissance anticipée de volonté (ce qui semble pour l'instant être la même chose): dit encore autrement, et avant la mise en place des démarches médicales, elles devront se rendre chez un notaire pour que celle qui porte l'enfant et sa compagne soient reconnus comme les parents.
Problème: cette déclaration serait mentionné sur l'acte de naissance de l'enfant (éventuellement associé à la mention comme quoi cet enfant est le fruit d'une PMA) en plus, bien entendu, de créer un droit différentiel en fonction du type de couple...
Les arguments des assos se font pour l'instant balayer d'un grand "c'est pas une loi sur la filiation, c'est une loi sur la bioéthique", ce qui n'engage à rien de bon pour la suite.
Bref, c'est pas demain la veille qu'on aura une conception de la filiation vraiment respectueuse des femmes et féministe, à savoir une mère qui peut choisir avec qui elle décide d'élever son enfant (avec l'accord de ladite personne) indépendamment des liens du sang. Parce que actuellement pour contester une reconnaissance de paternité c'est tribunal, test ADN et tout le tintouin (du coup oui, techniquement un mec random peut reconnaitre votre enfant si vous êtes célibataire, et ce sans votre accord). Sans parler du fait qu'une immense part des violences conjugales commencent pendant la grossesse, précisément parce que la présence d'un enfant permet de garder un pouvoir sur la mère et qu'elle n'a aucun moyen de lui retirer la paternité (avec tout le pouvoir que ça implique) si c'est le père biologique.
Ha et sinon la petite citation de ministre qui fait plaisir « Les gamètes du stock actuel seront utilisés et non pas détruits. Si les donneurs ne souhaitent pas que les gamètes soient utilisés par des couples homos, ils auront toujours la possibilité de retirer leur consentement au don. »
"L'ouverture de l'AMP est sans incidence sur l'ouverture de la GPA qui est antinomique avec les principes auxquels nous sommes attachés. La loi de bioéthique n'est pas une loi d'égalité."
La couleur est annoncée.
Ha et au passage, pas de protection prévue contre la mutilation des enfants intersexe non plus hein, ça serait trop beau. Du coup on va laisser comme c'est actuellement: à l'appréciation du médecin. Et puis d'ailleurs, ces mutilations elles n'existent même pas d'abord.
Bref, on est pas rendu.e.s.
Dernière modification par Evelirune (Le 27-09-2019 à 20h56)