Ahhh ça fait un mois que j'ai pas posté, j'ai pas lu des masses mais bon!
J'ai peut-être déjà parlé de celle-ci avant de disparaître, mais au mois de mai j'avais lu Trois pièces, de Marie NDiaye (2019). Trois courtes pièces de théâtre ; "Délivrance", "Berlin mon garçon", et "Honneur à Notre Élue". J'ai détesté la première : un style qui ressemble à du Cohen mais en moins bien (j'adore Albert Cohen hein mais quand on l'imite mal ça donne bien vite la gerbe), une histoire pas particulièrement intéressante, ce sont des lettres d'un homme à une femme et le mec s'inquiète beaucoup de si la femme l'aime vraiment ou pas ou je sais pas quoi enfin ça m'a saoulée. J'ai "bof aimé" la seconde, le style était moins dérangeant (car pas de lettres cette fois; moins de lyrisme de pacotille), histoire pas dingue non plus mais ok. J'ai bien aimé la dernière en revanche, grâce à un personnage principal intéressant ("Notre Élue"), une femme "politique" d'une extrême honnêteté.
- Soleil, Riichi Yokomitsu (1923). Car je veux vraiment lire plus de littérature japonaise. Ici il s'agit d'une réécriture de Salammbô de Flaubert, que j'adore (même si on est d'accord ce n'est absolument pas une "copie", c'est une oeuvre à part entière). C'est presque un coup de cœur : c'est une sorte de conte archaïsant où de multiples motifs poétiques et mythiques sont convoqués dans une centaine de pages. Le mot motif me semble approprié car la dimension visuelle du texte est très frappante, en fait il a été aussi qualifié de texte "fauve" et je trouve ça super juste ; ici c'est même à double-sens car tout est "sauvage" dans ce livre. Et parce que cette dimension visuelle est puissante dans un univers où se mêlent hommes, dieux et nature, ça m'a rappelé fortement l'esthétique des Ghibli, au-delà du fait que ce soit japonais j'entends. Bref j'ai beaucoup aimé. Mais comme dans beaucoup de récits du même genre, TW cruauté, guerres, mort, etc.
- Le Page disgracié, Tristan L'Hermite (1643). Un des premiers romans modernes fr avec un anti-héros caractérisé, une pseudo-autobiographie, des chapitres courts avec masse de péripéties d'un adolescent au 17ème. Je crois me souvenir que le style est agréable et limpide. J'ai bien aimé mais sans plus, c'est pas mon genre (c'était au programme).
- La Sorcière, Jules Michelet (1962). Un classique pour qui s'intéresse à la figure de la sorcière. Mais il n'est pas facile d'accès, pas du tout : Michelet mélange (en 19èmiste ou car c'est sa manière de faire ?) historicité et représentations, c'est parfois gênant, parfois intéressant, parfois original, parfois carrément problématique, mais souvent compliqué à dépatouiller. Michelet "innocente" la sorcière, explique les raisons de son apparition ; en cela il est dans une démarche plutôt féministe, mais d'un autre côté il romantise son innocence, sa pauvreté, sa proximité avec la nature, etc : c'est là où c'est moins folichon sur le plan théorique, mais du même coup, c'est là en revanche que sa prose atteint des sommets de beauté.
exemple, probablement mon passage préféré, véritable splendeur, le style y est comme devenu de la pure émotion, avec la force, le courage comme apothéoses
"Jouet du sort, elle se vit, comme la triste plante des landes, sans racine, que la bise promène, ramène, châtie, bat inhumainement ; on dirait un corail grisâtre, anguleux, qui n’a d’adhérence que pour être mieux brisé. L’enfant met le pied dessus le peuple dit par risée : « C’est la fiancée du vent. »
Elle rit outrageusement sur elle-même en se comparant. Mais du fond du trou obscur : « Ignorante et insensée, tu ne sais ce que tu dis… Cette plante qui roule ainsi a bien droit de mépriser tant d’herbes grasses et vulgaires. Elle roule, mais complète en elle, portant tout, fleurs et semences. Ressemble-lui. Sois ta racine, et, dans le tourbillon même, tu porteras fleur encore, nos fleurs à nous, comme il en vient de la poudre des sépulcres et des cendres des volcans."
- J'ai lu une
Biographie de Jésus, J.C. Barreau (1993). Un livre de ma mère, j'avais que ça sous la main sur le moment et why not ? Eh bien bof bof. J'ai pas appris grand-chose alors que j'avais l'impression de rien savoir sur le sujet. Mais bon rappels toujours utiles j'imagine.
-
White fragility de Robin DiAngelo (2018). Lu en anglais, il est pas encore traduit je crois. C'est un essai sur le concept de fragilité blanche, comme le nom l'indique, ce qu'elle signifie, comment elle se manifeste et comment elle participe à renforcer les inégalités et oppressions. C'était parfois très intéressant, parfois un peu trop redondant mais dans l'ensemble une lecture utile.
- Toujours un bouquin de ma mère,
Le jardin du prophète, Khalil Gibran, et pas sûre de la date donc tant pis. Du même auteur j'avais déjà lu quelques trucs mais celui-ci m'a beaucoup plus marquée. C'est très court (même pas 100p je crois), tout est dans l'écriture, très belle.
- Énorme classique que je devais lire depuis des années :
Le Maître et Marguerite, de Boulgakov (1940). C'était génial, d'une liberté folle. Sa construction est complexe (trois fils narratifs superposés, un roman dans le roman...), il y a pas mal de personnages, originaux, variés... Je suis incapable de le résumer, il est bien trop dense. Mais le diable est un des personnages principaux, voilà.
Ah et bizarrement, c'est très personnel mais le côté bariolé et surréaliste des personnages m'a semblé tout droit sorti d'un manga, et ça c'est trop cool.