Je m'apprête à livrer ici même une histoire de cœur qui m'a brisé à un point que je n'avais encore jamais expérimenté et qui remonte il y a quelques mois. Je la poste dans le but de me décharger de son poids et également d'avoir vos points de vue sur mon comportement dans cette histoire, celui de l'autre personne, et également pour avoir les conseils des personnes qui auraient pu avoir à peu près le même genre d'expériences afin de passer au dessus de cette histoire, qui me blesse encore malgré le temps écoulé.
Je remercie d'avance la ou les personnes qui prendront le temps de me lire, car ça va être long. J’ai besoin d’exposer tout le déroulement de l’histoire pour mon propre sentiment de légitimité et pour que vous ayez bien tous les éléments nécessaires à la compréhension de la situation.
Voilà, en septembre 2018, je me suis inscrite sur un site peu traditionnel pour échanger sur le sujet de la sexualité. Il est possible d'y faire des rencontres bien entendu, comme sur n'importe quel réseau social, mais ce n'est pas le but premier du site. C'est un site basé aux Etats-Unis mais qui a eu une rayonnance internationale, il est donc possible d'entrer en contact avec des gens du monde entier. C’est là que j’ai rencontré un garçon Russe.
Bref, il avait remarqué mon profil et était venu me parler. J’ai une fascination pour la Russie donc dès que j’ai un interlocuteur Russe, c’est plus fort que moi, il a automatiquement mon intérêt, qu’il conserve ou pas à la suite de nos échanges (parce que je ne suis pas une fétichiste non plus). Mais lui en plus de ça, il était très poli, presque un peu timide, et il avait des yeux absolument incroyables. Des yeux bleus tellement clairs qu’on aurait littéralement dit deux saphirs ou deux yeux de chats, un peu tristes, comme s’il avait fait une bêtise.
Bref, je suis rarement émue par un physique, il me faut toujours un minimum de proximité intellectuelle et émotionnelle pour trouver quelqu’un réellement beau mais là j’étais carrément saisie par sa beauté, et par sa sensibilité dans ses messages. Tellement saisie que j’en ignorais peut être les red flags, à savoir qu’il est allé en Angleterre pour voir une fille qui visiblement lui en voulait pour une raison que j’ignore et qui a refusé de le voir une fois qu’elle a atterrie là bas, avant de l’insulter. Il l’a tourné d’une telle manière que je pensais juste que c’était une fille qui l’avait manipulé avant de l’abandonner, et qu’il avait le cœur brisé, au point que j’en oubliais qu’il y avait peut être une raison au pourquoi elle était en colère…c’est lorsqu’il m’a raconté cette histoire que l’on s’est rapprochés parce que j’avais eu une petite peine de cœur moi aussi (mais c’était rien à côté de ce qu’il allait me mettre dans la gueule un an après lol).
Suite à ça, on s’est envoyés de longs messages que je trouvais passionnants, j’étais toujours excitée de rentrer chez moi après les cours pour voir s’il m’avait écrit, on parlait de nos pays respectifs, de notre langue, nos traditions, notre culture, nos aspirations, de politique, de sexualité, de religion, de sociologie, de banalités…Avant de s’échanger nos numéros whatsapp pour qu’on puisse se parler encore plus souvent. S’en est suivies des heures de conversation téléphoniques, pendant des mois et des mois, de cams skype, whatsapp, où j’ai pu progressivement m’attacher à sa voix, son rire, ses mimiques. On s’est mutuellement confessés plein de choses, des choses intimes, sur nos situations familiales respectives, sur des évènements charniers de nos vies, moi sur mes difficultés psychologiques (suspicion d’un trouble borderline, angoisses abandonniques, carences narcissiques, tendances à l’autodestruction).
A chaque fois on s’écoutait et on acceptait. On s’est envoyés des lettres et des cadeaux pour nos anniversaires (nés à un jour d’intervalle), je lui ai écrit des poèmes, je l’ai encouragé dans ses projets professionnels, il me soutenait dans mes études…bref, je me suis mise ce gars dans la peau, il a lentement gagné ma confiance, et au vu de ce qu’il me disait : « Je n’ai jamais ressentis quelque chose comme ça pour quelqu’un », « Mon but principal cette année est de te rencontrer », j’avais toutes les raisons de croire que c’était réciproque. Je voulais aller à Moscou à la fin de mes études, et il parlait de m’y rejoindre pour qu’on s’y rencontre. Plus le temps s’écoulait et plus le projet devenait sérieux, je préparais tout administrativement et lui montrait chaque étape de l’avancée de ce beau projet, et ces mois ont été très très heureux pour moi. Aussi isolée que j’étais dans ma campagne, rongée par le stress de mes études, j’avais quelqu’un a l’autre bout du monde que j’admirais et adorais et qui devenait ma plus grande motivation pour réussir.
Seulement voilà, peu après avoir changé de job, il a commencé à se faire plus distant. Il m’avait expliqué que c’était un boulot compliqué, qui le prenait beaucoup, et étant très vite dépassée moi-même et stressée par la nouveauté/le travail, je le comprenais totalement et je laissais couler. Ça arrivait que parfois, on se laisse deux jours sans nouvelle, grand maximum. Mais plus d’une semaine sans nouvelle de lui, alors qu’on se parlait quasi quotidiennement pendant des mois, ça a commencé à me rendre très triste et je me suis demandée pourquoi il ne m’envoyait même pas un tout petit message durant son temps libre ou entre deux pauses, pour me dire qu’il allait bien. Je lui ai alors envoyé un message lui faisant part de mon inquiétude, j’ai eu des nouvelles quelques heures après de lui s’excusant, disant qu’il n’avait pas voulu m’inquiéter mais qu’il se sentait pas au top à cause de problèmes au boulot et que du coup il n’était pas d’humeur bavarde. J’ai accepté, pris mon mal en patience en me disant que tout le monde a le droit de traverser une mauvaise période et tout le monde gère ses mauvaises émotions comme il le peut.
Mais après ça je n’ai plus eu de nouvelles de nouveau. Pendant près de trois semaines.
Trois semaines où j’ai très régulièrement pleuré et où je ne me suis pas sentie considérée du tout parce que je lui avais très clairement expliciter ce qu’était le trouble borderline et la phobie que j’avais de l’abandon, du silence du jour au lendemain, que je pouvais totalement comprendre qu’on puisse vouloir arrêter une « relation » (dans le sens de relationner), mais que disparaître sans un mot c’était juste horrible pour moi. Et il avait l’air de comprendre et d’être en empathie totale du coup je ne comprenais pas pourquoi il m’infligeait ce silence sans explication.
Puis un beau jour il revient, un message whatsapp, suivit d’une photo du puzzle que je lui avais offert terminé, me disant que je lui ai manqué, qu’il est désolé de ne pas m’avoir donné de nouvelles, qu’il a été débordé mais qu’il pense à moi et qu’il espère que je ne suis pas fâchée. Je vous avoue, j’ai été un clown total, la meuf sans dignité complet (et le pire est à venir), j’ai dit que non, que j’étais heureuse de le revoir, qu’il me manquait aussi mais que je ne comprenais pas pourquoi il ne me donnait vraiment plus aucune nouvelle à chaque fois après qu’il revienne et me dise que je lui manque.
Message vu, ghostage de nouveau pendant deux mois.
Deux mois sans aucune nouvelle et où je me suis dit que clairement, cette fois, c’est sûr, il ne réapparaîtrait plus, que je ne le reverrais plus jamais, que je devais me le sortir de la tête. Où j’ai pleuré, encore, beaucoup, j’en ai parlé à mes amis qui essayaient de me consoler, de trouver toutes les explications qui pouvaient faire sens pour justifier ce comportement, mais j’étais clairement inconsolable.
Je commençais lentement à le sortir de mon esprit puis, un jour où je n’attendais plus rien, où je checkais juste mes mails, je vois son nom dedans, mon cœur s’arrête.
J’ouvre le mail : Un message long comme mon bras, le plus long message que j’ai jamais reçu, j’étais sidérée.
Dedans, il me présente des excuses qui ont l’air sincères, où il me dit qu’il comprendrait si je l’insultais ou que je ne veuille plus jamais lui reparler, qu’il a pensé à moi NUIT ET JOUR, qu’il est désespéré de me reparler, et qu’il sait que ça a l’air complètement incohérent, mais qu’il ne pouvait pas parce qu’il a traversé une grosse dépression, qu’il a dû être médicamenté, suivi psychologiquement, où il a eu une pression monstre à son travail, et qu’il commence tout juste à sortir la tête de l’eau et à retrouver la force.
D’un point de vue extérieure, en ne connaissant ce gars ni d’Adam ni d’Eve, en ne ressentant rien pour lui, n’importe qui après s’être fait ghoster deux fois se serait éloigné de ce gars en entendant l’alarme qui hurle DISQUETTE. Mais je vous jure, moi je rêvais tellement de ce gars, je me suis tellement montée la tête en me disant qu’il y avait des signes explicites qu’on devait se rencontrer, que J’AI BU SES PAROLES, j’y ai cru à 100%, et je me suis raccrochée à ces phrases si belles qui sont tellement lourdes de sens pour quelqu’un de profondément romantique.
Toi qui me lis, je sais que si tu as lu jusque là, c’est que tu es sensible à la lecture, tu es sensible aux belles images, aux mots, tu sais qu’on ne dit pas « Je pense nuit et jour à toi, du moment où je me lève jusqu’au moment où je me couche » si tu ne penses pas réellement ce que tu dis. Parce que c’est une phrase d’amour, ce sont des mots d’amour, c’est trop précieux et trop beau. Alors oui j’y ai cru, alors que j’étais encore EN SANG de la violence de ses silences répétés où je lui répétais noir sur blanc DE NE PAS ME FAIRE CA. J’avais le cœur en lambeaux mais J’AIMAIS ce garçon. Alors je lui ai dit : « Je crois en ta souffrance, je suis contente que tu ailles mieux, je suis désolée que tu sois passé par tout ça. Maintenant je veux te dire que tu m’as fais extrêmement souffrir et que si tu as le cœur bien placé, si tu es aussi croyant que je le suis (il est orthodoxe, moi catholique), si tu sais que tu vas me ghoster encore une fois, je t’en prie : Bloque moi, ne me parle plus jamais, parce que ça me détruit. »
« Mais non je ne veux pas te bloquer, je ne pense qu’à te revoir, s’il te plaît, appelons nous. »
J’ai revu son beau visage en cam, et voilà, on était repartis de plus belle. J’ai pleuré pour la première fois devant lui à ce moment là et IL SAVAIT qu’il m’avait fait beaucoup de mal. Il s’est confondu en excuses, on s’est expliqué, on a pu longuement parler de la dépression d’ailleurs et au-delà de ma stupidité flagrante, je suis très sensibilisée à ce sujet parce que j’ai eu plusieurs épisodes dépressifs qui m’ont fait me refermer sur moi-même également et du coup, encore une fois, je m’identifiais et je le comprenais. Il m’a reparlé lui-même de vouloir réellement me rencontrer, qu’il attendait mon voyage à Moscou plus que tout pour qu’on puisse enfin se voir, qu’il ferait n’importe quoi pour, que si j’avais besoin d’aide, il était là pour moi. C’est là que je lui ai posé des limites et que je lui ait dit : « Je veux cette rencontre plus que n’importe quoi moi aussi, mais par contre si tu le veux vraiment sincèrement toi aussi, je ne veux pas qu’on s’organise au dernier moment, je veux qu’on s’y prenne à l’avance, et je veux que tu me promettes qu’on communiquera beaucoup pour qu’on puisse bien tout préparer avant le départ et parce que j’aurais besoin d’être rassurée. Je veux aller en Russie de toutes façons donc j’irai avec ou sans toi, et je préfère largement organiser mon voyage seule plutôt que de stresser au dernier moment si tu ne tiens pas tes engagements. Alors réfléchis bien, pose toi, et si tu es vraiment sérieux alors fais moi une promesse et je m’organiserai avec toi.».
Et sa réponse, DE VIVE VOIX, a été : « Je comprends tout à fait, je me serais senti comme toi à ta place et j’aurais fais la même chose, et tu as MA PAROLE que l’on communiquera.»
On s’est parlé régulièrement pendant plusieurs semaines, tout allait bien, mes papiers étaient prêts, j’avais mon visa, mon voucher, mon billet d’avion, mon passeport, même des roubles en avance, je lui avais tout communiqué, tout était ok, il ne manquait plus qu’il réserve ses jours auprès de son boss et que l’on book un air bnb ou un hôtel et tout était plié. J’ai eu mon diplôme d’éducatrice spécialisée, j’étais en vacances, on avait du temps devant nous car le voyage était prévu pour octobre, j’avais eu sa parole, donc j’ai lâché du lest, je me préoccupais plus trop de la fréquence de ses réponses parce qu’une discussion à propos de son travail m’a fait réaliser l’ampleur de tout ce qu’il avait à faire et je savais qu’il avait besoin de temps et d’espace pour pouvoir mobiliser sa concentration. Donc je profitais de mes vacances et je lui faisais confiance. Après tout, je n’avais pas de raison de ne plus lui faire confiance, on s’était expliqué, c’est lui-même qui a insisté pour venir me rencontrer à Moscou et qui a remit le sujet sur le tapis, c’est lui-même qui est revenu avec un message de trois mètres pour qu’on puisse se reparler, il a dépensé son fric pour m’envoyer un cadeau, il m’a écrit une lettre pour me faire plaisir, j’ai eu sa parole qu’on se parlerait + avant le départ…C’est bien qu’il devait tenir un peu à moi, non ?
Peu de temps après, il se casse le bras en tombant à vélo et se retrouve avec un bras dans le plâtre, ce qui semble l’affecter psychologiquement car il est complètement dépendant de des parents et ça lui pose des soucis pour travailler. A part ça, aucune attitude bizarre, aucune manifestation de quoi que ce soit, pas de changement d’avis sur notre prochaine rencontre, tout allait bien, c’était juste un coup de malchance pas susceptible de bouleverser quoi que ce soit car il aurait été rétabli lors du voyage dans les cas.
Puis….Reghostage. Un mois sans nouvelle.
On est en septembre, je voulais que tout soit booké un mois avant, il ne m’a donné aucune nouvelle pendant UN MOIS et on arrive à la date où on est sensés tout organiser ensemble après qu’il m’ait donné sa PAROLE « qu’on communiquerait». J’essaye de l’appeler, zéro réponse. Je lui envoie un message : « Un mois sans nouvelle, dis moi que c’est une blague, dis moi que je ne dois pas m’inquiéter, appelle moi, fais quelque chose. » Rien. Je pète un câble, cette fois c’est trop, il va trop loin, peu importe la raison, même avec une main dans le plâtre, il peut envoyer un message pour me rassurer et donner des nouvelles. Je lui envoie un long message colérique et c’est vrai, très émotionnel où je lui explique comment je me sens vraiment, à quel point je supporte pas ça, que je comprends pourquoi il fait ça, si c’est un jeu émotionnel pervers qu’il joue avec moi ou s’il est juste complètement déprimé au point que ça le rende totalement inaccessible socialement, que je ne peux pas deviner ce qu’il y a dans sa tête, je vais jusqu’à dire pour la première fois explicitement que je l’aime, que ça me rend folle, que je veux juste de la sincérité et comprendre ce qu’il veut vraiment.
Pas de réponse. Pas de messages lus, rien. Comme s’il était mort.
Les jours passent, je me rends malade, je n’arrive ni à manger ni à dormir, obligée de prendre des somnifères pour avoir le droit à au moins 3 heures de sommeil.
Je veux prévenir le lecteur que c’est vraiment la partie où j’ai perdu toute ma santé mentale, mon amour propre et ma dignité pour devenir une énorme larve complètement obsédée par la quête d’une réponse, de la vérité, de n’importe quoi qui puisse faire sens sur une situation qui n’en avait plus. Je suis quelqu’un d’hypersensible, peut être trop naïve, certainement trop conne et utopique aussi, j’en sais rien, mais en tout cas c’est juste impossible dans ma tête que quelqu’un donne sa parole, s’investit autant énergiquement jusqu’à m’acheter des cadeaux, m’écrire des lettres et des mails de 5 pages pour me « reconquérir », insiste pour me rencontrer jusqu’à m’assister dans les démarches de voyage… pour me laisser complètement en plan au dernier moment. C’était juste impossible pour moi de mettre un sens sur ce comportement et encore aujourd’hui j’ai du mal à comprendre, et c’est ça qui m’a torturé et qui continue de me torturer le plus. C’est la perte de sens et le manque de réponse. C’était comme chercher pendant des mois la sortie d’un labyrinthe et à chaque fois qu’il y avait un peu plus de lumière au bout d’un sentier, je me rendais compte en arrivant au bout qu’il n’y a en fait rien, continuellement.
Je ne sais pas si c’est pertinent que j’use de métaphores, d’allégories et de descriptions en tout genre pour retranscrire mes sentiments mais c’est parce que j’ai tellement envie de faire ressentir à qui aura la force de lire ça, la spirale infernale, l’enfer, le cauchemar que ça commençait à devenir, l’horreur de sentir qu’on se fait trahir indéfiniment par la personne qui nous a également fait atteindre un état de bonheur proche de la béatitude, que j’ai l’impression que je ne peux que l’expliquer comme ça. J’étais comme piégée dans une sorte de dissonance cognitive où je savais que j’avais juste à organiser mon voyage dans mon coin pour me libérer de ce mec qui avait aucun respect pour moi mais où j’avais tellement investis, espérer TOUTE L’ANNEE, rêver intensément de cette rencontre, désirer cet homme, que j’étais prête à me laisser piétiner pour comprendre pourquoi il agissait comme ça avec moi. Je ne pouvais pas accepter le fait qu’il puisse tout simplement s’en foutre complètement, parce qu’il avait tellement tout fait pour me persuader du contraire que ça semblait complètement impensable, illogique. Et finalement c’est ce qu’il a fait tout le long de cette relation, alterner entre des phases où il me disait que j’étais la personne la plus importante à ses yeux puis des phases où j’étais confrontée à son silence qui me réduisait à l’état de merde insignifiante.
Imaginez : Vous êtes sensés rencontrer le garçon que vous avez appris à aimer pendant près d’un an, dont vous avez préparé la rencontre officielle étape par étape sur des mois et des mois, vous ne pensez qu’à ça, il fait littéralement TOUT pour vous faire croire en ce projet en vous PROMETTANT qu’il le porte réciproquement, qu’il va s’organiser avec vous: Et là, à un mois de partir, plus rien. Vous ne savez même pas où il est ou s’il est encore en vie, il ne répond plus. Il pourrait avoir fait n’importe quoi, se suicider, s’être fait percuter par une voiture, se volatiliser de la surface de la terre, ou juste se foutre royalement de votre gueule en s’investissant à tous les niveaux pour vous balader depuis le début. Dix mille possibilités, dix mille théories, et aucun moyen de savoir la vérité, vous ne savez RIEN.
Alors je l’ai harcelé de messages, une dizaine de longs messages, je l’ai harcelé d’appels, je l’ai appelé une vingtaine de fois sans réponse, j’ai souligné ses promesses, j’ai imploré des explications, une réponse, j’ai commencé à m’inquiéter, à m’imaginer le pire, à me dire que cette fois il était peut être dans un épisode dépressif qui l’aurait amener à commettre l'irréparable, j’ai paniqué, j’ai carrément demandé à des amis russes d’appeler la police, qui ont essayé de me calmer sans y parvenir, je m’arrachais les cheveux, j’ai cherché d’éventuels comptes vk ou facebook qu’il aurait pu avoir (je ne suis pas sur les réseaux sociaux), j’ai envoyé un message sur ce dit compte pour lui demander s’il était vivant, bref, j’ai complètement p é t é u n c â b l e.
J’en ai extrêmement honte, je ne sais pas si c’est normal ce que j’ai fait ou pas ni comment d’autres personnes auraient réagis à ma place. Je ne suis pas quelqu’un d’envahissant, je me fais toujours petite, je suis discrète, je n’insiste jamais, j’ai toujours peur de déranger, j’ose rarement, je ne suis pas quelqu’un d’harcelant. Mais là, sur le moment, avec ma détresse, j’ai agis comme ça. J’ose espérer que c’est légitime et humain comme réaction, quand elle s’inscrit dans une telle torture psychologique, je ne sais pas, je suis complètement perdue à ce niveau, si c’était moral ou non. Mais j’étais tellement désespérée, j’avais tellement mal.
Puis…Quoi ? Trois jours après, TROIS jours à me tordre le ventre de douleur, il daigne enfin me répondre.
Il dit être choqué par tous les messages et les appels, je l’appelle, il refuse l’appel. Il me dit qu’il a besoin de temps pour réfléchir et se remettre de ses émotions, qu’on se parlera le soir. J’attends le soir, j’entends enfin sa voix, puis là, de nouveau des explications, qu’il arrive toujours à tourner de telle sorte que ça paraît légitime et compréhensible : « Mes amis ne m’aident pas alors que je suis en difficulté avec mon bras cassé, ça me déprime, en fait je suis seul, j’ai dû prendre un congé, retourner chez mes parents, je ne peux même pas me laver comme il faut, j’ai mal tout le temps… ».
Je l’écoute, je me dis toujours que c’est possible, que c’est un garçon fragile, qu’il a des problèmes psychologiques, que je l’aime quand même, que je dois le pardonner et le comprendre. Je lui dis que j’entends tout ça, mais qu’il me fait trop mal, que je veux juste la vérité, que je veux juste entendre qu’il n’a plus envie de me rencontrer pour que je tourne la page et passe à autre chose, qu’il faut qu’il me le dise au lieu de toujours me faire espérer et trouver des excuses, qu’il m’avait promis qu’on s’organiserait, que je ne comprenais pas pourquoi il faisait tout pour me faire croire qu’il voulait qu’on continue et qu’on se voit alors qu’il en a visiblement rien à faire de moi. Il dit qu’il ne peut pas me laisser dire ça, qu’il veut vraiment me rencontrer mais que c’est une période difficile, qu’on va s’organiser. Je le crois, encore. Je lui demande s’il a demandé à son boss des congés, il me dit que c’est déjà fait. Il n’a plus qu’à acheter le billet mais pour lui qui est citoyen russe c’est une formalité (il habite à Ufa, en Bashkirie). On fixe une date pour s’organiser, il me promet qu’on s’appellera à ce moment là.
Toute la semaine, j’ai la boule au ventre. Arrive le jour où on doit enfin s’organiser, je lui envoie un message pour qu’il n’oublie pas. On s’appelle, je le sens tendu, presque sur la défensive, il me dit qu’il y a un problème, il ne peut finalement que rester une semaine sur les deux semaines qui étaient prévues à cause d’un problème interne concernant les emplois du temps de toutes les équipes. Je pète un câble, je craque et je pleure devant lui. C’est peut être un mensonge, c’est peut être la vérité, je ne sais pas, mais il y a toujours « un problème avec ce garçon et ça commence à ressembler à une malédiction. Il me prouve que c’est effectivement vrai et l’explication est totalement cohérente, screens à l’appui et tout. Après que je me sois calmée, on book quand même l’hôtel pour une semaine, en se disant que « c’est toujours ça, même si c’est très peu, on a quand même la chance de se rencontrer ». Il me dit avoir acheté le billet, je commence tellement à douter de lui que je lui demande une preuve. Je le sens comme mal à l’aise, il soupire mais me dit que c’est parce qu’il est fatigué de sa journée. Il me montre un screen du billet écrit majoritairement en cyrillique, je vois bien son prénom et son nom, les dates correspondent. On boucle tout, on se dit qu’on a enfin fait les démarches et que tout se concrétise.
Je me dis qu’après toutes ses difficultés je vais finalement enfin rencontrer la personne dont je rêve depuis un an, je me dis que j’ai bien fait de m’accrocher à ce souhait qui m’a tenu toute l’année. Je lui dis de rester en contact avec moi, que j’en ai vraiment besoin avant le départ (moins d’un mois maintenant). Il me le promet.
Deux jours après, après avoir annoncé à mes amis que j’allais enfin rencontrer le russe dont je leur ai tant parlé, je décide de faire un tour sur le site où on a booké l’hôtel et je me mets à traduire les commentaires. Je ne suis pas douillette mais clairement les commentaires étaient très inquiétants et décrivaient qu’il y avait souvent des violences, des gens bourrés dans l’hôtel, pas de wifi (c’était important pour que je puisse joindre un minimum ma famille), des propriétaires étranges, beaucoup de tapage nocturne. Je me sens pas bien, je me dis que je n’ai pas envie qu’on se rencontre dans ces conditions, je le préviens immédiatement en lui envoyant les screens pour qu’il puisse constater par lui-même que je ne m’affole pas pour rien. Je check vite fait Skype pour retrouver son billet d’avion, et là…
Disparu. Il avait supprimé le screen de son billet d’avion, je ne sais pour quelle raison mais de toute évidence c’est SUSPECT.
Je commence de nouveau à paniquer et à angoisser. J’essaye de l’appeler, pas de réponse.
Je laisse un jour s’écouler, je le rappelle, toujours pas de réponse.
Deux jours, pas de réponse.
Trois jours, je lui envoie un message colérique pour lui dire que j’en peux plus et que je suis sur le point d’annuler, il répond enfin :
« Ca ne me va pas non plus, on se capte au plus vite pour régler ça »
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Je m’effondre en pleurs, foutage de gueule absolu, le mec ignore complètement ma détresse pour me donner une réponse complètement évasive au bout de trois jours où j’essaye de le joindre.
« Il faut que je te dise ça pour que tu réagisses enfin ? Quand est ce qu’on va se réorganiser ? Pourquoi tu as supprimé ton billet d’avion sur Skype, je ne comprends pas ? J’ai peur là, donne moi une réponse au moins.»
Aucune réponse pendant des heures et des heures. Je craque, j’annule tout, je lui envoie un message pour lui dire ce que j’ai fait, je lui dis de faire ce qu’il veut, que cette fois j’arrête tout. Aucune réaction. Je sais pas si vous vous rendez compte ce que ça fait d’être ignorée royalement dans les moments où on mériterait juste de plates excuses et le minimum de décence et d’attention possible. C’est terrible, je ne me suis jamais autant sentie comme une merde. En fait je voulais tellement qu’il me réponde, qu’il réagisse au moins pour que j’arrête de ressentir ce sentiment horrible, que j’allais finalement encore plus loin dans la perte de ma dignité en l’appelant et en lui envoyant des messages pour lui demander de réagir. Clairement je vous jure que ce n’est absolument pas mon genre de me mettre dans un état comme ça et de me traîner dans la boue pour quelqu’un, je l’ai jamais fait avant à ce point, mais là je ne sais pas comment ce mec a réussit à faire mais clairement il m’a rendue folle. C’était de la folie pure, vraiment. Il m’a fait vivre la perte de sens d’absolument tout et du coup la recherche de sens à tout prix.
Je lui ai laissé un message vocal que j’arrive même pas à écouter tellement j’ai mal au cœur et tellement j’ai honte en lui disant que je me sentais comme une merde, comme lui quand il est arrivé en Angleterre et que la fille qu’il voulait tant rencontrer ne voulait plus l’accueillir. A la différence que moi, j’aurais très bien m’organiser seule et voyager seule, mais que c’est lui qui a voulu qu’on se rencontre et qu’il m’a fait croire qu’on s’y retrouverait jusqu’au bout. J’espérais qu’il se mette à ma place et susciter son empathie du coup, mais que nenni.
Je n’ai plus eu de réponse pendant une semaine, il n’a même pas lu ou écouter mes messages.
A ce moment j’étais tellement au fond de moi-même que je ne mangeais pas, je ne ressentais pas la sensation de faim, j’avais tout le temps envie de vomir, j’ai perdu près de 6 kilos sur toute la période où ça a dégringolé. Je reprenais des somnifères pour arriver à dormir, je passais mes journées sur le lit à ne pouvoir rien faire, sans même la force de regarder quelque chose pour me distraire si ce n’est le plafond de ma chambre. Je crois que jamais dans ma vie à part peut être lorsque j’ai dû être hospitalisée quand j’étais adolescente, je ne me suis autant sentie comme une serpillière. J’aurais pu dire que j’étais vide mais en fait, j’ai surtout atrocement pleine de douleur. J’étais vidée de toute mon énergie, je ne pouvais penser à rien d’autre que ce qui m’arrivait. J’ai donné mon téléphone à ma mère pour arrêter de regarder mon téléphone toutes les cinq secondes dans l’espoir de voir son nom s’afficher sur l’écran.
Au bout d’une semaine, ma mère me donne mon téléphone pour me dire que j’ai reçu un message, je le lis précipitamment.
« Pourquoi tu as annulé ? Qu’est ce qui ne va pas ? Pourquoi tu n’as pas attendu que je finisse de travailler pour qu’on cherche un nouvel hôtel ensemble ? Je t’avais dit d’attendre. Qu’est ce que tu as booké maintenant ? Comment je suis sensé rester sur moscou si tu as effacé ce booking ? Oui j’ai mes tickets d’avion mais maintenant je ne sais pas où aller. Bien sûr je vais trouver un autre endroit où aller, mais pourquoi tu n’as pas entendu qu’on cherche un autre endroit ensemble ? Pourquoi tu es si paniquée avant le voyage ? (Alors que le boug m’avait dit qu’il se sentirait exactement pareil à ma place, genre je vais un peu en Russie pour la première fois de ma vie seule pauvre tocard ?) Ca me rend tellement confus. Tu as effacé trop tôt sans même m’en parler (ALORS QUE JE LUI AVAIS DIT QUE J’ALLAIS LE FAIRE). On aurait pu trouver un autre endroit et maintenant tu as un endroit où rester, je suis sensé faire quoi maintenant ? »
J’étais sidérée et dégoûtée de ce message. Je n’arrivais pas à croire ce que je lisais. Je me suis rendue malade, j’ai tout fait pour que ça se passe bien et pour organiser correctement, le mec s’en battait la race et m’envoyait même pas un petit message pour me dire quand il serait disponible alors qu’il m’avait promis une communication régulière avant le voyage, il agit très bizarrement (le ticket d’avion effacé ?), et maintenant il joue l’offusqué parce que j’ai annulé le booking et que j’en ai pris un autre ?
Mon dernier message s’adressant à lui a consisté en ceci : Je lui ai fait comprendre que maintenant il m’avait pourrie et que j’étais au bout de mes forces, et que s’il avait envie de me voir alors qu’il m’appelle ou se bouge pour qu’on s’organise et qu’on trouve un hôtel, mais que clairement il avait vraiment pas l’air d’en avoir envie et que, ce fait là, ce n’était pas grave. Que tout ce que je voulais depuis le début c’était de la sincérité, que je lui dis depuis toujours c’est de me dire la vérité que je suis totalement capable d’entendre, parce que ce n’est pas moi qui l’ai forcé à faire un voyage, c’est bien lui qui a insisté, et que son attitude n’avait donc absolument aucun sens. Mais que par contre, ce qui était grave, c’est ce qu’il était entrain de faire là maintenant en me faisant passer pour celle qui agit comme une folle alors que j’avais des raisons légitimes d’avoir annulé le booking vu son comportement.
Je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles depuis.
J’ai fait mon voyage en Russie seule et finalement j’ai aussi rencontré mes amis Russes (que j’avais saoulé pour qu’ils appellent la police mdr) dont l’un d’eux est devenu un ami très proche avec qui je parle quotidiennement et une des meilleures rencontres de ma vie. C’était peut être comme ça que les choses devaient se passer, après tout.
Ca va faire plus de quatre mois que tout ça c’est passé. Ca fait moins mal qu’avant, mais parfois, en y repensant, je suis pétrie d’angoisses. Tout déballer ici ça me soulage, quelque part, même si personne ne la lit, ça me fait du bien. Au moins ça ne reste pas en moi, à moisir sur mon cœur, c’est en dehors, aux yeux de tous, malgré la souffrance et la honte. Je suis souvent très dure avec moi-même, j’ai très peu confiance en moi et j’ai souvent le syndrome de l’imposteur, l’impression qu’en fait tout est ma faute, c’est pourquoi j’ai longtemps gardé tout ça pour moi, parce que c’est des moments où j’ai été extrêmement vulnérable et où je n’ai pas agis comme j’agis d’habitude, de façon plutôt calme et raisonnée.
D’ailleurs j’ai vraiment peur d’être jugée par rapport au passage où je l’ai appelé plein de fois quitte à l’harceler pour qu’il réponde parce que ça me conforte dans l’idée que je suis folle et qu’en fait je mérite ce qui m’est arrivé, que ça l’a fait fuir, que j’ai un problème, que c’est moi qui mérite pas le respect, des relations saines, que je suis toxique, etc. Même si je n’ai jamais eu ce problème avant, j’ai des traumatismes qui font que j’ai tendance à avoir ce genre de jugements sur moi. C’est pour ça que ça me ferait aussi du bien d’avoir l’avis d’une personne qui a lu, et bien compris tous les tenants et aboutissants de l’histoire :
Ai-je agis de manière disproportionnée ? Qu’est ce que vous auriez fait à ma place ? Qu’est ce que vous pensez du comportement de ce mec et qu’est ce que ça pourrait traduire de son profil psychologique ? Est-ce que vous pensez que c’était un mec qui, comme il n’arrêtait pas de le dire, était en souffrance psychologique au point d’agir de manière complètement incohérente, ou qu’il pourrait s’agir d’une structure perverse ? Ou est ce que c’est moi qui ait été incohérente ?
Si vous avez vécu une histoire de ce type ou une expérience proche de la mienne, ou que tout simplement vous pensez pouvoir m’apporter quelque chose qui pourrait m’aider à transcender ça, un conseil, un témoignage sur comment vous vous êtes remis de ce genre de traumatismes émotionnels (désolée si le mot paraît exagéré mais c’est vraiment ce que j’ai ressentis), je suis vraiment preneuse, que ce soit ici ou par MP. Je suis à un stade de ma vie où j’ai vraiment besoin de réponses et d’avancer et c’est le genre de souffrances qui m’empêchement de m’épanouir.
Globalement, il ressort un très fort sentiment d’humiliation de cette histoire, j’ai encore honte du manque de dignité que j’ai eu, de toutes les occasions que je lui ai donné pour me piétiner, à me plier en quatre et me mettre à genoux pour obtenir un peu d’attention et l’illusion d’un minimum de respect, et beaucoup de colère, de rancœur, de tristesse. Et le mix de tous ces sentiments ça fait un cocktail assez dégueulasse avec lequel vivre au quotidien. J’ai l’impression qu’il m’a comme pris ma fierté, je l’imagine souvent raconter comment la petite française tarrée était folle de lui et l’harcelait comme une anecdote à ses potes, ou pire, à la prochaine fille à laquelle il fera peut être subir ça, et ça me fout en rage. J’ai un grand sentiment d’injustice, et je ne saurai jamais ce qu’il se passait vraiment dans la tête de ce mec et c’est ce qui m’énerve le plus. Tout est interprétable et il peut y’avoir plein de théories. Je saurai jamais si j’ai eu affaire au plus gros lâche de tout les temps, à un mec complètement paumé qui ne conscientise même pas ses agissements, ou à un pervers narcissique qui est prêt à tout pour séduire une meuf et la faire souffrir, quitte à prendre le temps de lui offrir des cadeaux, une lettre, de lui parler pendant des mois et des mois, de booker un hôtel avec elle et de prendre un billet d’avion…De perdre autant de temps et d’énergie pour parfaire son bluff. Ca me paraît fou, je ne sais pas quoi en penser, c’est pourquoi j’aimerais vraiment avoir des regards extérieurs et l’avis de plusieurs personnes sur tout ça pour m’en faire une idée un peu plus claire et laisser ça derrière moi.
Je remercie quiconque prendra le temps de lire, de me répondre, que ce soit ici ou par MP, je suis ouverte à toutes les opinions et les discours tant que c’est fait dans le respect de mon intégrité.
Dernière modification par RavioliGangsta (Le 06-02-2020 à 00h18)
Cieux déchirés comme des grèves,
En vous se mire mon orgueil,
Vos vastes nuages en deuil
Sont les corbillards de mes rêves,
Et vos lueurs sont le reflet
De l'Enfer où mon coeur se plaît